Ghislaine Bourque
Andragogue, ex-proche aidante
auteure et conférencière

Aux préposées et préposés des CHSLD, 
de la part de résidents sans mots

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Nous avons oublié des mots, nous avons oublié des gestes, nous avons oublié le temps. Dans notre monde, les rêves sont réalité, le passé rencontre le présent. Dans notre monde, les émotions priment sur la raison. Et vous, chers membres du personnel soignant, vous nous accompagnez dans ce monde de l’être, où le raisonnement n’est plus notre mode de communication.

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En plus de travailler fort physiquement, de marcher d’un corridor à l’autre, d’avoir des yeux tout l’tour de la tête et d’effectuer votre routine de laver, habiller, tourner, changer, faire manger… vous essuyez les crachats de l’un, vous lavez le visage barbouillé d’aliments mous de l’autre, vous ramassez les dégâts d’un autre encore, vous changez la culotte souillée de la plupart, vous sentez l’odeur embarrassante de certains, vous répondez aux cloches à répétition ou à la même question posée des centaines de fois…

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De plus, vous êtes continuellement en contact avec notre colère, notre frustration, notre peine, notre solitude, nos peurs, nos inquiétudes, nos intransigeances, notre violence physique et verbale parfois…

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Malgré des conditions de travail extrêmement exigeantes physiquement et émotionnellement, vous restez debout, bien vivants, patients et souriants.

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Vous nous donnez le meilleur de vous-mêmes à chaque jour. Votre gentillesse, votre générosité, votre tendresse, votre patience, votre dévouement, votre compassion émergent de votre cœur aimant. Vous prenez soin avec dignité et respect des personnes méconnaissables que nous sommes devenues.

 

Et nous avons les antennes pour reconnaître ceux et celles qui savent encore nous donner de l’amour…