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Le tiroir vide

Pierrette Denault

Article paru dans le Journal de rue de l'Estrie  Édition 6 - Volume 15

Livre Et si perdre la tête rapprochait les coeurs...

Voici le témoignage percutant d’une proche aidante. Celui d’une fille unique qui a accompagné sa mère dans sa longue descente aux enfers - la chute aura duré sept ans - et qui, après avoir longtemps cherché, a finalement trouvé comment maintenir un lien significatif avec cet être cher, malgré les ravages de la maladie.

Rosée, atteinte de démence à corps de Lewy, une maladie apparentée à l’Alzheimer, ne reconnaît plus personne, ne trouve plus les mots pour communiquer. «Dans sa tête, il y a un grand tiroir ouvert. Une voleuse est passée et elle a volé tous les mots», dira son arrière-petite-fille. (p. 75) À quoi bon alors tous ces allers-retours de l’Estrie à la Beauce pendant deux ans et demi? À quoi bon ces visites quotidiennes au CHSLD durant les trois années et demie précédant la mort de sa mère? Ghislaine Bourque ne se posera jamais ces questions. Elle sera plutôt à la recherche de solutions pour intervenir le mieux possible tout en se préservant de sombrer elle-même. Son témoignage, relaté dans Et si perdre la tête rapprochait les cœurs…, illustre à l’aide d’exemples concrets qu’il est même possible d’en retirer une manne bienfaisante.

Le livre éclaire le chemin et offrira un support aux aidants naturels et au personnel soignant. Dans une écriture fluide et souvent poétique, l’auteure apporte un témoignage bouleversant auquel de nombreux lecteurs pourront s’identifier. Du choc du diagnostic jusqu’au dernier souffle de sa mère, Ghislaine Bourque passe de l’état de survie au lâcher-prise, puis à la découverte de pistes pratiques. Sa rencontre avec madame Yergeau, une intervenante de la Société Alzheimer de l’Estrie a été pour elle une révélation. Désormais, elle ne serait plus jamais seule… Cette démarche l’apaisera, lui permettra de s’outiller pour mieux faire face au déclin annoncé et pour enfin comprendre que «tout dans les relations avec une personne souffrant de pertes cognitives passe par l’affectif». (p. 79) Voilà pourquoi elle encourage fortement les familles à mettre les jeunes enfants en contact avec leur proche : un cadeau sans prix que de les voir interagir, comme l’ont fait ses deux petites-filles auprès de leur aïeule. Moments magiques et d’une grande intensité!

 

Ce livre est un plaidoyer pour les personnes en perte cognitive et le credo d’une aidante qui n’a aujourd’hui qu’un souhait : convaincre d’autres aidants de maintenir un lien durable jusqu’aux derniers instants, malgré l’absence de lucidité. Pour elle, c’est mission accomplie! Tous ses efforts lui épargnent les regrets et la culpabilité : « … j’ai réussi à lâcher prise sur la mère et la personne que j’ai connues avant la maladie. J’en ai fait le deuil complet pour me centrer sur ce qu’elle est devenue dans ce monde où la mémoire, la raison et la logique se sont étiolées. J’ai vécu le moment présent avec elle et j’ai collectionné tous les instants de pur bonheur qu’elle m’a offerts». (p. 146)

Ghislaine Bourque

Après avoir œuvré dans un laboratoire médical pendant 16 ans, Ghislaine Bourque bifurque vers le monde de l’éducation. Communicatrice-née, elle conçoit et développe, pour les enseignants et les élèves en sciences, le site Web Carrefour atomique, qui lui vaut de nombreux prix. L’auteure est disponible pour offrir des conférences sur son expérience. On peut se procurer son livre en visitant son site Web au www.ghislainebourque.ca

Article publié avec la permission de la directrice du Journal de rue de l'Estrie, Nancy Mongeau,

et de son auteure, Pierrette Denault.

Merci !

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